Depuis quelques années, je vis à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Lorsqu’on s’y promène, on remarque des chantiers, partout, à chaque coin de rue. Je suis allée les explorer, telle une archéologue qui profiterait de ce que la terre est remuée et les murs démolis pour voir les vestiges d’une ville qui n’existe plus. Mais, en même temps, une archéologue qui serait témoin de ce que la ville deviendra et, surtout, de ce qu’elle est aujourd’hui : une ville en pleine mutation.
J’ai alors découvert un monde qui m’était étranger : celui du BTP. Un monde qui a son propre langage, ses propres codes, notamment des codes couleur. Au départ, avec ses échafaudages enchevêtrés, ses plans complexes, ses outils dont je ne comprenais pas l’usage, cet univers m’a paru complexe. Mais, petit à petit, au milieu de tous ses éléments incompréhensibles, j’en ai découvert certains qui, par leurs formes, leurs couleurs, m’ont évoqué des jouets. Voilà comment je me suis appropriée ce monde qui, finalement, m’a rappelé celui de mon enfance.